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https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/philosopher-avec-stanley-kubrick-shining
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"No human eye can isolate the unhappy coincidence of line and place which suggest evil in the face of a house, and yet somehow a maniac juxtaposition,
a badly turned angle, some chance meeting of roof and sky, turned Hill House into a place of despair, more frightening because the face of Hill House seemed awake, with a watchfulness from the blank windows and a touch of glee in the eyebrow of a cornice…. It had an unbelievably faulty design which left it chillingly wrong in all its dimensions, so that the walls seemed always in one direction a fraction longer than the eye could endure, and in another direction a fraction less than the barest possible tolerable length…. Of course the result of all these tiny aberrations of measurement adds up to a fairly large distortion in the house as a whole…. [it is] a masterpiece of architectural misdirection…. [inducing] a slight loss of balance in the people who live [there]."

Aucun œil humain ne peut isoler la malheureuse coïncidence de la ligne et du lieu qui suggèrent le mal dans le visage d'une maison, et pourtant, une juxtaposition maniaque, un angle mal tourné, une rencontre fortuite entre le toit et le ciel, ont transformé la maison de la colline en un lieu de désespoir, plus effrayant parce que le visage de la maison de la colline semblait éveillé, avec une vigilance des fenêtres vierges et une touche de joie dans le sourcil d'une corniche... La conception de la maison était incroyablement défectueuse, ce qui la rendait terriblement inadaptée dans toutes ses dimensions, de sorte que les murs semblaient toujours, dans une direction, une fraction de plus que ce que l’œil pouvait supporter, et dans une autre direction, une fraction de moins que la longueur la plus tolérable possible.... Bien sûr, le résultat de toutes ces petites aberrations de mesure s'ajoute à une distorsion assez importante dans l'ensemble de la maison.... [c'est] un chef-d'œuvre de mauvaise orientation architecturale... [induisant] une légère perte d'équilibre chez les personnes qui y vivent.
https://www.cnrtl.fr/definition/maison
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https://placesjournal.org/article/when-buildings-kill/?
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La vidéo "Control, Anatomy and the Legacy of the Haunted House" de Jacob Geller évoque une catégorie de maisons hantées bien spécifiques : non pas celles qui sont hantées par quelque chose (démon, monstre, sorcière ...), mais pas rien d'autre qu'elles-mêmes.
La maison n'a pas été abandonnée parce qu'elle est hantée, elle a été abandonnée, et c'est à cause de cela qu'elle est devenue hantée.
Le jeu Control se passe dans "the oldest house", littéralement : la plus vieille maison.
Le jeu est une tentative de regagner le contrôle sur une structure devenue hostile aux humain·e·s : elle les change et/ou les attaque. La maison n'est plus un refuge, mais une architecture autonome.
Le bâtiment devient lieu de projection d'une intériorité psychique en distordant son espace.
Pendant la fête de célibataires, j'étais sur l'île de Chongming en train de faire du feu devant une ancienne porcherie.
Cette île est connue pour son agriculture biologique, ce qui en fait un lieu à part en Chine. Au milieu des rizières se dressent des maisons étranges, à l'architecture hétéroclite, de partout et nulle part à la fois.
À ce qu'on m'a dit, elles appartiennent à des gens partis faire fortune à Shanghai, et qui ne terminent pas les travaux (par manque d'argent ? Pour ne pas payer d'impôts ?).
Elles sont des centaines à se dresser le long des routes blanches au milieu des champs. Ce sont des coquilles vides, non achevées. Parfois en proviennent des bruits étranges, mais la plupart du temps ce ne sont que des pies qui y ont trouvé refuge.
On les appelle les "maisons-clous". Ce sont de petits immeubles ou des maisons à moitié détruites, en plein milieu d'autoroutes ou d'un chantier.
En 1949, le droit à la propriété privée a été aboli en Chine. Les logements appartenaient à la communauté, représentée par l’État. Mais avec l'ouverture et le développement économique de la Chine, qui encourage notamment les investissements étrangers dans les projets immobiliers, une certaine notion de propriété privée a été rétablie. Les promoteurs immobiliers doivent dédommager les résident·e·s afin qu'ielles quittent leur logement. En cas de refus, les résident·e·s subissent des pressions allant des simples menaces jusqu'au tabassage en règle.
Mais certain·e·s résistent quand même, et cela donne ces "maisons-clous" : les autoroutes sont construites autour, le sol est creusé pour couper l'eau et l'électricité, jusqu'à ce que finalement, les propriétaires abandonnent.
On imprègne l'espace que l'on occupe, qu'on laisse des traces pas forcément visibles. Il y a des endroits où l'on se sent mal sans savoir pourquoi, et d'autres au contraire où l'on se sent bien. Les lieux ont une mémoire. Les espaces que l'on habite nous racontent : dans nos intérieurs, on décore, on aménage, on stocke. On essaie de rendre visible une intériorité invisible, de faire la maison à son image.
Et si la maison se décore elle-même ? Si elle devient à la fois intérieur et intériorité ? Elle perd sa définition de refuge, associée à un·e occupant·e. Libérée de son rôle domestique, la structure se déploie et se met à rêver.
Ne serait-ce pas la maison qui rêve avoir été un jour humaine ?
Peut-être qu'elle s'imagine avoir respiré ; peut-être se rappelle-t-elle avoir marché.
Ses murs commencent à onduler ; ses fenêtres tremblent comme des paupières. La maison s'étire, craque de partout. Et un jour les portes se déverrouillent.
C'est afin de conjurer les monstres et l'obscurité que les architectes modernes ont employé autant de verre et de lumière pour illuminer les intérieurs, et éliminé les greniers et les caves, lieux des souvenirs et des secrets enfouis.
La maison est un refuge, un abri du monde. C'est un lieu rassurant parce qu'on en a le contrôle ; c'est pour cela que la maison hantée est aussi terrifiante. Le lieu le plus sûr devient le plus dangereux.
C'est une maison de poupée, et ses rêves ont commencé à prendre forme en ses murs. Chaque pièce raconte une histoire.
Le grenier est la mémoire. Plus on monte, plus la maison se souvient.
La pièce rouge est la pièce des sentiments ; c'est là que la maison vibre et respire.
En-dessous, les pièces sont tapissées du damier d'un échiquier qui ondule et se tord. La partie se joue depuis longtemps : il ne reste plus que les fous qui se baladent au plafond.
Le rez-de-chaussée est l'endroit où la maison se sent le plus maison ; sans doute parce que c'est là qu'il y a la cheminée. Mais la maison est vide et nostalgique, les meubles sont recouverts de grands tissus, et parmi ces formes voilées se cachent quelques fantômes.
Dimensions : 52cm x 40cm x 18cm